Rabi'a
Enfant, elle n'entend que t mots : " Allez, va-t'en ". Dès qu'elle traîne dans l'ombre de l'entrée et que sa tête cherche l'enfouissement dans les laines des femmes, dès que ses paumes s'aventurent près du métier à tisser et qu'elles mettent en péril l'agencement subtil de l'ouvrage : le " va-t'en " sans colère, comme pour une chose qui gêne. C'est il y a quinze ans, alors qu'éclatait la guerre en Irak, que Marie-France De Bei entendit pour la première fois évoquer le nom de Rabi'a. Elle fut immédiatement intriguée et attirée : comment à Bassora, une voix, qui plus est celle d'une femme, s'était élevée jadis au 8e siècle, pour exprimer avec poésie et ardeur, la joie mystique ! Imaginant dans les vides de l'histoire ce qu'avait pu être cette femme musulmane, si proche de Marie-Madeleine, l'auteur retrace le destin de ce personnage hors du commun et dont la voix, au-delà du temps et des religions, convie le lecteur à l'ouverture du c?ur.