Sur les chemins de l'exil, la montagne refuge
Devenues un lieu de passage pour de nombreux migrants, les Alpes frontalières défrayent régulièrement la chronique. Voici l’histoire de ces rencontres entre ceux qui ont fait un long chemin et ceux qui, attachés à leurs montagnes, ont décidé d’ouvrir leurs portes.
Depuis des millénaires, les Alpes sont des terres de passage et d’accueil. Les populations se déplacent pour chercher l’herbe plus verte de la vallée d’à côté, fuir la guerre et les persécutions, se cacher ou passer des frontières. Aujourd’hui, des itinéraires migratoires historiques sont à nouveau empruntés par ceux qui traversent la Méditerranée sur de frêles embarcations. Beaucoup de ces exilés venus d’Afrique voient la neige pour la première fois.
Des habitants de la vallée de la Clarée, de la Maurienne ou de la Roya, des randonneurs, des paysans, des pisteurs et des touristes sont devenus des veilleurs. Ils guettent les silhouettes dans la nuit ou la tempête, montrent le chemin, ouvrent leurs portes, réchauffent, servent une soupe. En aval, d’autres aident pour les papiers, dispensent des cours de français, collectent des vêtements et des paires de chaussures, servent des repas, soignent, traduisent, offrent des billets de train, accompagnent, partagent un café ou leur maison. La fraternité s’organise, s’invente, tisse des liens invisibles entre les vallées et les pays. En montagne comme en mer, on ne laisse pas quelqu’un se noyer ou mourir de froid ou de faim. Il y a ce geste du secours non négociable, un espoir pour l’humanité.