Urbaphobies XIXe-XXIe siècles
À la ville sont souvent associées la criminalité, la misère, les mauvaises mœurs ou la maladie... Cet ouvrage questionne l’urbaphobie, en interroge les causes, analyse les discours qu’elle véhicule et la manière dont les arts l’ont traitée.
Depuis Babylone, Sodome et Gomorrhe, la ville est vue comme la destructrice des structures traditionnelles de la société. Pour Michel Chevalier, Paris est, en 1833, « cette Babel, cette Babylone, cette Ninive, cette grande Bête de l’Apocalypse, cette prostituée fardée, mouchetée, éraillée, débraillée ». Si pour beaucoup la ville incarne le rêve d’une vie meilleure, lorsque le projet tourne au cauchemar, elle devient alors la source de tous les maux sociaux. Pour de nombreux auteurs du XIXe siècle, Paris est la ville des Illusions perdues : criminalité, misère, mauvaises mœurs, dégénérescence des individus, perte des liens sociaux, émeutes… Plus largement, la ville du XIXe siècle est en Europe un problème, particulièrement en France et au Royaume-Uni. Sa taille croissante, ses conditions sanitaires déplorables, les industries qui s’y développent et introduisent des pollutions nouvelles, font craindre l’émergence d’une classe de barbares en son sein. La littérature s’empare de cet imaginaire sombre pour dresser le portrait terrifiant d’une ville malade et assassine, et tout au long de l’époque contemporaine, le même procès se rejoue. À la littérature s’ajoutent le cinéma, les comics ; à la crainte de la peste et du choléra succède celle de la Covid… Dans cet ouvrage, 18 chercheurs en sciences humaines et sociales questionnent la notion d’urbaphobie, cette critique voire condamnation de la ville. Ils en interrogent les causes, analysent les discours qui l’accompagnent, la manière dont les arts s’emparent du thème et les réactions et réponses apportées à ce problème.