
Mécaniciens de rue - Réparer et vivre d’Abidjan au Grand Paris
Dans les périphéries métropolitaines, des mécaniciens de rue réparent les véhicules de clientèles paupérisées, hors des cadres réglementaires, et vivent tant bien que mal de cette activité. C’est à eux qu’est consacrée cette enquête exceptionnelle lancée en 2015 dans le quartier de La Plaine, situé entre Aubervilliers et Saint-Denis, qui s’est achevée à Abidjan en 2024.
Loin d’être anecdotique, cette mécanique, dite « sauvage » par les pouvoirs publics français, est présente dans de nombreux quartiers populaires anciennement industriels, dont les friches sont peu à peu transformées en immeubles de bureau ou d’habitation, laissant peu de place aux activités informelles.
Ces activités, a priori hyper localisées, se révèlent être au cœur de réseaux transnationaux, les mécaniciens de rue étant souvent des migrants, anciens ferrailleurs originaires d’Abidjan, qui manifestent une aspiration à entreprendre et à circuler entre Europe et Afrique, mais dont les mouvements sont entravés par les politiques migratoires.
Dans le contexte de politiques ciblant les véhicules anciens, la mécanique de rue est enfin confrontée à une action publique qui, entre disqualification et reconnaissance, a du mal à traiter l’informalité. S’ajoute à cela un déni de la dépendance populaire à la voiture (donc à son entretien à un moindre coût) dans la définition de la ville durable.
Cette enquête nous propose de découvrir toutes les facettes de la « mécanique de rue », à l’échelle d’un quartier comme à celle du monde, à l’échelle humaine comme à celle du capitalisme global.