
Un meublé dans la pénombre
« Je ne vois aucun intérêt à écrire sur des gens qui semblent avoir tout réussi. Il n’y a pas d’histoire à raconter dans ce cas. […] D’ailleurs, pourquoi écrire sur le bonheur ? Il n’y a rien à raconter… aucun conflit, aucun catalyseur qui permette de faire des découvertes sur l’humanité. » Nelson Algren
Un meublé dans la pénombre rassemble, pour la première fois et par ordre chronologique (de 1934 à 1981), des nouvelles, des récits, des poèmes et des articles de Nelson Algren devenu une sorte de conscience de la démocratie américaine.
Politiquement de gauche, faisant de la violence sociale l’un de ses thèmes de prédilection, Algren est le modèle de l’auteur engagé. La vocation de l’écrivain : se tenir auprès des malheureux car ses contemporains ont besoin de lui.
Son oeuvre est un cri d’alarme et ses personnages préférés des antihéros : prolétaires, marginaux, drogués, joueurs de poker, boxeurs, prostituées, voleurs ou sans-abri, tous admirables parce qu’ils ont su garder leur parler vrai, leur obstination à vivre.
Pour Algren, c’est dans la pauvreté et le sacrifice des richesses matérielles que l’homme parvient à se dépasser. L’écrivain est l’égal de ses personnages, un « clochard céleste ». Il est aussi un visionnaire. C’est pourquoi, avec Un meublé dans la pénombre, oeuvre au style réaliste, cru et mêlé à un humour noir sans pareil, déjà porteuse des thèmes de la Beat Generation, Algren nous touche. Ici, chaque texte ajoute à notre connaissance d’un grand écrivain américain et de l’Amérique, mais avant tout du coeur humain.