
Commentaire sur l'Ecclésiaste
De saint Bonaventure, on connaît surtout les écrits théologiques ou les opuscules spirituels. Ses commentaires bibliques sont moins connus et n’ont jamais été traduits en français. Ils constituent pourtant une part importante de l’oeuvre du Docteur Séraphique, rédigée pendant la période de son enseignement à Paris, au Studium des Franciscains, de 1254 à 1257. Parmi eux, le Commentaire sur l’Ecclésiaste a fait l’admiration de nombre de ses contemporains.
En pleine crise universitaire des années 1250, les techniques scolastiques très pointues mises en oeuvre y sont un modèle pour les étudiants, les thèses développées une réponse aux attaques des maîtres séculiers de l’université parisienne, l’interprétation littérale et spirituelle de l’enseignement de Salomon une méditation pour qui recherche la Sagesse. La Parole divine y convoque la raison humaine, et philosophie – néoplatonicienne et aristotélicienne – et théologie – augustinienne et dionysienne – explorent l’Écriture sainte et le monde, à la suite de Hugues de Saint-Victor, pour y découvrir, au sein même de la vanité de toute créature, le don d’amour de Dieu à l’homme, et y construire la réponse de l’homme à Dieu.
Si son commentaire sur les livres des Sentences a préparé l’oeuvre exégétique de saint Bonaventure, bien des thèmes du Commentaire sur l’Ecclésiaste entrent en résonance avec l’Itinéraire de l’âme jusqu’en Dieu, la Triple Voie ou encore les Conférences sur l’Hexaëmeron. Ainsi ce commentaire, magistral dans les deux sens du terme, constitue-t-il une pièce maîtresse dans la compréhension de l’ensemble de l’oeuvre du saint Docteur, tout en pouvant également stimuler la réflexion actuelle.