Critique et création - Littérature, peinture, musique, politique et oeuvres d'imagination
Il est des
créateurs
de génie et des
critiques
de génie. Jacques Rivière (1886-1925) fait partie de ces derniers. Gide disait de lui qu'il vivait à travers les autres. En effet, nul n'a plus intimement compris Proust et Artaud, écouté d'une oreille plus fine Debussy et Stravinsky. Parmi les tout premiers, Rivière a saisi l'apport des avant-gardes du XXe siècle... et deviné certaines de leurs apories.
Dès avant la Première Guerre, la civilisation européenne est en proie au doute. Dans tous les domaines de la création, les principes qui ont prévalu depuis la Renaissance sont remis en question. La musique prétend se passer de la mélodie, la peinture de la perspective, la littérature du récit. Au milieu de ce tohu-bohu,
La Nouvelle Revue française
– avec Jacques Copeau, Gaston Gallimard, Jean Schlumberger, André Gide, Paul Claudel – s'efforce de faire le tri. Rivière en est la véritable cheville ouvrière, comme secrétaire de la rédaction, puis comme directeur.
Mort à trente-huit ans, il n'a guère eu le temps de réunir ses œuvres. Des milliers de pages données à des périodiques – principalement
La NRF
– forment tout un continent qui restait à explorer cent ans après la mort de l'auteur. C'est chose faite avec le présent volume qui propose un choix d'articles consacrés à la littérature, à la peinture, à la musique, à la politique, ainsi que son unique roman.