Les Commencements
«Créer un poncif, c’est le génie» écrivait Baudelaire dans Fusées. C’est, semble-t-il, ce à quoi s’attache Michaux, à sa manière, dans ce texte encore une fois inclassable, publié initialement en 1983. Ce poncif en question, celui de l’enfant-artiste (enfance de l’art diront certains), obsède les artistes du vingtième siècle – on songe à Picasso – fascinés qu’ils étaient par la question de l’origine et du geste primitif.
Apologie de l’enfance, de la liberté de création, de l’authenticité en art, Les commencements sont une double invitation : d’abord à un retour en arrière, en ce temps peut-être rêvé où la simplicité faisait loi. Invitation ensuite à un refus, au refus de ce que Michaux lui-même appelle «l’enrégimentement adulte», qui amène le petit d’homme à ne plus croire au miracle, et à déserter l’Inconnu. Ce traité sur les dessins de l’âge tendre montre qu’avant toute maîtrise de la technique et du message, avant la recherche et l’effort, viennent la couleur, le trait, la forme. De leur découverte et répétition naît cette sensibilité à laquelle chacun doit rester fidèle.